Le drop des chaussures de running.
Parmi les différents paramètres que nous prenons en compte pour choisir nos runnings, c’est une notion qui prend de plus en plus d’importance dans le discours des fabricants : le Drop des runnings ! Mais savez-vous de quoi il s’agit ? Savez-vous comment les choisir ? Rien à voir avec le coup de pied de pénalité au rugby ou encore la chandelle de Dan Carter. Le Drop sur une chaussure de running, à quoi ça sert ? Quels sont les différents drops possibles ? Quel drop et pour qui ?
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
Définition de: Drop chaussures de Running
Le « drop », c’est la différence de hauteur entre l’arrière (talon) et l’avant (avant-pied) de la chaussure.
Pour illustrer : un escarpin Louboutin a un drop très élevé parce que la différence de hauteur entre l’avant et l’arrière est importante alors qu’une tong Havaïanas pour le coup a un drop (quasi) nul. Ainsi, en course à pied, la notion de « drop » qui est aujourd’hui un élément de conception incontournable pour les marques, a pourtant fait son apparition aux yeux du grand public il y a peu.
Alors que la norme était de 12 mm de drop environ il y a quelques années, les marques proposent aujourd’hui des gammes qui se déclinent en différentes tailles de drops afin de répondre à tous les coureurs : 10 mm, 8 mm, 6 mm, 4 mm et même 0 mm. Ainsi, aujourd’hui, le drop est de plus en plus pris en compte au moment de choisir sa paire de chaussures. Il n’y a d’ailleurs pas une seule fiche technique qui ne met pas en avant ce critère dans sa description du produit.
Comment interprète-t-on la hauteur ?
Plus cette différence est petite, plus la foulée du coureur est naturelle, car il pose moins le talon au sol à l’attaque de sa foulée et court plus sur l’avant du pied. De cette façon, la foulée est plus naturelle et le corps moins traumatisé car la chaine formée par les chevilles, mollets, genoux, quadriceps et ischio-jambiers du coureur est plus alignée au moment de l’impact de son pied sur le sol.
Les équipementiers ont donc tendance aujourd’hui à réduire ce fameux drop afin de tendre vers le « zéro-drop », graal des coureurs minimalistes et autres barefooters. Sans aller dans l’excès non plus pour conserver même un léger drop afin de préserver le confort de course d’un maximum de coureurs.
Des critères discutables…
Finalement, le drop d’une chaussure n’est pas aussi absolu et définitif qu’il pourrait y paraître. En effet, il n’y a pas de méthode universelle pour mesurer le drop. Le plus simple est encore de couper la chaussure dans le sens de la longueur et de mesurer l’épaisseur de la semelle.
Mais selon l’endroit où la mesure est faite, le résultat peut varier. Cela n’est pas anodin lorsque l’on sait qu’un millimètre de drop en plus ou en moins a son importance. En outre, le drop est généralement donné pour une pointure standard de 42,5, sorte de référence de taille en running. Ainsi pour un même modèle, le drop d’une 36 sera plus faible que celui d’une 45.
Quel est le drop de la plupart des marques ?
Le drop des chaussures que ce soit chez Asics, Adidas, Brooks, Kalenji, Nike ou Mizuno est quasiment toujours de 10 mm. C’est une valeur moyenne qui s’inscrit dans la tendance du marché, hormis les chaussures minimalistes du type Altra, Hoka ou Newton, par exemple. Cela permet d’assurer les qualités de confort, de sécurité, de performance et de durabilité de nos chaussures.
Ce choix doit permettre à tous les coureurs de trouver chaussure à leur pied. Une évolution du drop n’est pas exclue car les ingénieurs et chefs de produit des marques sont bien sûr très attentifs à l’évolution de la chaussure de course à pied.
Le choix de la nouvelle valeur de drop sera fait uniquement à partir d’éléments scientifiques incontestables permettant de connaître précisément l’influence du drop sur le coureur, sa foulée et sa santé.
Influence du drop sur le coureur ?
Comme on l’a dit plus tôt, la différence de hauteur entre l’avant et l’arrière de la chaussure n’est pas sans conséquence sur la foulée. Par contre, j’ai cherché, je me suis renseigné, j’ai même appelé des experts. Qu’on se le dise : il n’y a pas de certitudes établies de l’influence du drop sur les performances.
Ou même sur les blessures du coureur. Le drop a également un impact direct sur les muscles et les tendons. Avec un drop faible, les mollets et les tendons d’Achille sont plus étirés. Alors un conseil : si vous décidez de changer significativement de gamme au niveau de la taille du drop, faites-le très progressivement.
Et si c’était aussi un peu de marketing ?
Soyons un brin pragmatique : un drop très important aura toujours un effet direct sur l’impact du talon au sol et cela indépendamment de votre foulée. Et aussi véloce soit-elle. C’est le principe même d’avoir une chaussure qui ne soit pas une tong ! Ainsi, seuls les très rares coureurs avec une foulée totalement sur l’avant du pied échappent à la règle ! Donc OK pour limiter le drop, mais aller sur un drop zéro n’est vraiment pas indispensable !
Drop, 10, 8, 6, 4 mm, course naturelle, bref, ces concepts sont finalement parfois très confus dans nos esprits. Pourtant, il ne s’agit pas de choisir un camp et d’avoir l’esprit aussi binaire. Prenez donc plutôt un guide pour le choix de la chaussure idéale : celle qui, d’un point de vue physiologique, n’engendrera pas de problèmes mécaniques dans votre corps. Il s’agira de visionner ce que serait la foulée d’un coureur, quel qu’il soit, courant pieds nus, sur de l’herbe ou du sable dur, ou toute autre surface suffisamment stable mais non traumatisante.
La « course naturelle » est celle qui reste la plus économique pour lui, car la plus adaptée à son schéma biomécanique, à sa posture. Rien n’est venu perturber sa façon de poser le pied, ni l’ajout de poids à ses pieds ou ni l’ajout de semelles. Partant de ce qu’est cette foulée, cette « course naturelle », il semble pertinent de vouloir obtenir le même geste une fois chaussé, non ?
On chausse quoi au final ?
Il s’agit d’être chaussé de la manière la moins perturbante possible, au plus près du pied, sans modifier si possible les zones de contact, le déroulé, la façon de propulser, que l’on observe lors de la course naturelle. C’est ainsi possible lorsqu’il n’y a pas beaucoup de différence de hauteur entre l’arrière et l’avant de la chaussure. Donc pas de « drop » ? Peut-être pas quand même ! La notion de drop intervient certes dès que l’on veut évoquer la différence de hauteur entre la partie arrière de la semelle, au niveau du talon, et la partie avant de la chaussure, au niveau des métatarsiens.
On tente de vous convaincre ?
Pour vous en convaincre, sautez donc sur place, à pieds joints, pieds nus. Une fois naturellement, puis une autre fois en cherchant à atterrir sur les talons. Vous verrez, c’est édifiant ! Une chaussure à drop important contredira forcément votre course naturelle. Quant une chaussure à drop faible, on va dire sous les 4 mm., elle n’impactera pas votre foulée initiale. Rien d’objectif, je ne suis pas podologue et encore moins posturologue mais l’idée c’est encore une fois de vous protéger et que le plaisir puisse durer encore bien des années…