Les chaussures Kiprun KN500 passe partout
Est-ce bien utile de présenter DECATHLON ?
Pour la course à pied, KIPRUN est la contraction de “Keep on running” et traduction de “Fils du Running” au Kenya, la terre d’inspiration de Kalenji. Depuis plusieurs années, elle continue de prendre de l’ampleur et de convaincre de plus en plus de coureurs.
Test réalisé par Julien Guyod – photos JNB
Avec une gamme déjà étoffée avec les KS500 ou les KD500, visant stabilité ou dynamisme, les KIPRUN KN500 explorent une approche différente, à savoir celle du minimalisme. Je vais expliquer brièvement en quoi cela consiste, mais avant cela, voyons les promesses de la marque pour ce modèle
- AMORTI : une mousse en EVA souple et légère pour absorber les ondes de choc.
- LÉGÈRETÉ : 220g en taille 40.
- FLEXIBILITÉ : nombreuses encoches de flexion pour faciliter le déroulé du pied.
- ADHÉRENCE : une adhérence parfaite sur sol humide (texture et géométrie des semelles).
- HAUTEUR TALON : drop 4 mm.
- CONSTRUCTION SLIP ON : s’enfile comme des chaussons pour vous apporter un maximum de souplesse sur la tige. Le composant élastique du col permet aux chaussures d’épouser la forme de votre pied pour ne faire qu’un avec lui.
- FOULÉE NATURELLE : en plus de la légèreté, de la flexibilité et du faible drop, il y a une faible épaisseur au talon. La foulée naturelle fait référence à la foulée que nous avons lorsque nous courons pieds nus, en attaquant le sol avec l’avant-pied ou médio-pied.
Premières impressions visuelles des Chaussures Kiprun KN500
Le mesh est plutôt respirant et sans coutures. L’effet chaussettes est réel on a vraiment l’impression de l’enfiler. A tel point que j’ai été obligé de renvoyer la pointure 41 initialement prévue pour prendre un 40. Il vient sur le pied et le laisse libre de ses mouvements.
La languette vient se poser sur le pied sans douleur. En ce qui concerne le laçage, j’aurais aimé avoir un ou deux crans supplémentaires, là ce n’est pas facile de serrer pour que le pied ne bouge pas. Même en 40 qui n’est pas ma pointure habituelle, il y a un peu trop de mouvement du pied à mon goût, mais c’est peut-être voulu dans l’esprit minimaliste.
La toe-box est large et le sera encore plus si vous prenez votre pointure habituelle. Point de vigilance pour les pieds fins qui auront peut-être trop d’espace, mais là encore c’est voulu pour laisser le pied prendre sa place et œuvrer seul pour la stabilité.
La semelle de propreté peut se retirer pour y insérer une semelle orthopédique pour ceux qui en ont une (prescrite par un podologue du sport).
La semelle intermédiaire dispose de peu de technologies. Toujours dans le même esprit minimaliste, pas de kalensole ici ou de k-ring, les technologies phares de Décathlon. Juste une mousse en EVA souple et légère. Je reparlerai de l’amorti plus bas.
En ce qui concerne le drop qui est de 4 mm, on se rapproche du zéro drop, ce qui est logique vu la volonté de tendre vers le minimalisme. Là aussi j’en reparlerai plus bas.
Le talon est tout de même maintenu à l’aide d’une structure, mais comme je le disais plus haut avec le laçage le pied a tendance à bouger un peu.
La semelle extérieure est classique et en caoutchouc. On retrouve les encoches de flexion qui permettent un bon déroulé du pied. Cela favorise également l’accroche et la traction. C’est performant et l’adhérence est très bonne.
Avant de passer au test terrain, il me semble nécessaire de parler de ce que sont des chaussure minimalistes. Ce sont des chaussures qui interfèrent le moins possible avec les mouvements naturels du pied. Comment ? Avec une grande flexibilité, un poids très bas, un drop nul ou peu élevé, une faible épaisseur au talon et aucune technologie de stabilité ou de contrôle du mouvement.
Un indice minimaliste a été créé, allant de 0 à 100%, permettant de savoir où le modèle que l’on veut acheter se situe. Pour cela, on mesure la flexibilité longitudinale et torsionnelle des chaussures, on regarde le poids, l’épaisseur du talon, le drop et les technologies présentes. C’est en fonction de ces paramètres qu’il sera attribué.
Qu’en est-il de l’intérêt ? Est-ce la solution miracle pour se débarrasser des blessures ? C’est là que les avis vont diverger. Je ne peux pas vraiment prendre partie, puisque des kinés ou podologues tous plus compétents les uns que les autres ne sont pas d’accord là-dessus. Sans parler de toutes les études sorties dans un sens comme dans l’autre.
Pour ma part je pense qu’il est difficile de faire des généralités. Nous avons tous des morphologies, des foulées différentes. Il est donc logique que nous n’ayons pas tous les mêmes besoins. Je ne vais pas débattre sur l’intérêt du minimalisme, mais plutôt décrire mes sensations avec ces chaussures.
Décathlon annonce un indice minimaliste de 54% pour les Kiprun KN500. Cela confirme qu’il s’agit d’une approche du minimalisme plus que d’un modèle qui vise les 100%. Malgré cela, il faut être prudent si l’on veut s’orienter vers ce choix. En se rapprochant d’une foulée naturelle, cela va impliquer pour beaucoup de coureurs un temps d’adaptation.
Quelqu’un habitué à des drops de 12 et/ou à beaucoup d’amorti ne peut pas directement passer à des drops de 0-4, cela va le conduire assez certainement à une blessure. Il faut habituer progressivement les muscles et les tendons. On peut par exemple, passer de 12 à 10, puis de 10 à 8 etc…
On peut également découper les séances en deux parties, chacune avec un modèle de drop différent. Quoi qu’il en soit, il faut être progressif ne pas se précipiter vers des modèles minimalistes directement. Voyons ce qu’il en est du test terrain.
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Test terrain des chaussures Kiprun KN 500
Le test n’est pas facile à faire. Doit-il être destiné uniquement aux adeptes du minimalisme qui vont regarder quelles cases sont cochées? Ou au grand public qui a des attentes différentes pour sa paire de chaussures. Je vais essayer de jongler entre les deux.
Ce qui pourra paraître être un défaut sur les chaussures sera un point fort des chaussures vers le minimalisme, déjà en ce qui concerne l’amorti. La majeure partie des modèles sur le marché offre un amorti plus ou moins prononcé mais en général satisfaisant.
Pour les KIPRUN KN500, l’amorti est … minimal, ce qui décrit bien la sensation. On tape sur le sol. Cela me rappelle certains modèles de compétition avec un poids très faible et peu d’amorti (les racing-flats).
Pour répondre à la question, jusqu’à quelle distance courir avec cet amorti? Là la réponse va différer suivant les coureurs. Ceux qui sont des adeptes du minimalisme et habitués depuis plusieurs années peuvent l’emmener sur de très longues distances. Ce n’est pas mon cas. Il n’y a pas que le drop qui est en jeu, c’est bien l’ensemble des cinq points évoqués plus hauts qui jouent.
Au fur et à mesure du test, j’ai bien vu que la distance sur laquelle je pouvais les emmener augmentait. C’est bien la preuve qu’il faudra y aller progressivement, comme pour le drop. Là le découpage de séances est idéal.
Lorsqu’on veut se rapprocher du minimalisme, la progressivité doit rester le maître mot. Au bout des trois semaines de test, j’arrivais à les pousser jusqu’à la vingtaine de kilomètres. Ensuite je sentais les tendons qui me rappelaient à l’ordre (j’ai une fragilité dessus depuis une blessure en début d’année).
Il est certain que si je continuais je pourrai courir plus loin. Quoi qu’il en soit il faut bien être conscient que l’amorti est minimal et doit être approché avec prudence.
Dynamisme ? Là il y a moyen de se faire plaisir. Cela m’a rappelé les sensations des racing flats pour l’amorti, on n’en est pas loin pour le dynamisme.
Ce qui signifie que sur des séances de VMA il n’y a pas de problème, avec tout de même deux points de vigilance.
Le premier évoqué plus haut, avec le peu d’amorti, faire une séance complète de 15-20 kilomètres peut engendrer des douleurs. On peut par exemple s’échauffer avec une autre paire et prendre celle-ci pour la séance. Puis, au fur et à mesure, diminuer le temps présent dans la séance avec l’autre paire pour au final ne prendre que les KN.
Deuxième point, pour que les chaussures répondent, mieux vaut avoir du pied. Je m’explique, les chaussures sont minimalistes, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’aide apportée par une quelconque technologie.
Si on regarde un pistard avec ces chaussures, il va les trouver très dynamiques. Un coureur plus lent avec attaque talon ne dira pas la même chose. Là encore, il faudra de la patience. Ce sera au pied de travailler au fur et à mesure (et donc de progresser) pour rendre ces chaussures dynamiques.
Pour ma part, sans avoir les pieds des jeunes pistards, j’ai déjà souvent couru avec des chaussures minimalistes. J’ai poussé à 92% avec les Saucony Endorphin Racer (qui datent de plusieurs années, à ne pas confondre avec les modèles récents), même si j’avoue que je ne les prenais que pour les séances piste. J’ai pu emmener les KN sur du fractionné court sans problème, avec un répondant qui m’a satisfait.
Autre point intéressant, comme on est proche du sol, c’est l’occasion parfaite de travailler sa foulée. D’ailleurs, c’est l’un des buts premiers du minimalisme, tendre vers une foulée naturelle et médio-pied (voir avant-pied).
Si on pose mal son pied avec un drop de 12mm et un fort amorti, les chaussures vont masquer cela et on ne se rendra pas compte de ce que l’on fait. Essayez de le faire pieds nus et vous allez voir que les douleurs vont vite apparaître.
C’est le même principe ici, j’ai trouvé très intéressant de pouvoir recentrer ma foulée et de m’appliquer sur la pose. Cela m’a permis de voir que les mauvaises habitudes reviennent vite et je serai vigilant avec mes prochaines paires (qui pour la plupart ne seront pas minimalistes).
Toujours en ce qui concerne l'indice minimaliste, si vous voulez avoir un point de comparaison, je vous donne quelques modèles que vous connaissez peut-être :
- Nike Free RN 0 (indice 56%).
- New Balance Fresh Foam Tempo (56%).
- New Balance Fresh Foam Zante (56%).
- Nike Zoom Streak 7 (56%).
- Altra King MT2 (56%).
- Hoka One One Hupana Flow (54%).
- Under Armour Charged Push (52%).
Point intéressant, cela permet de voir les limites de l’indice minimaliste. J’ai eu deux paires de New Fresh Foam Zante, que j’ai toutes deux poussées à plus de 800km et même sur des sorties longues de plus de 30 km. Elles ont pourtant un indice minimaliste supérieur à celui des Kiprun, avec lesquelles j’ai eu plus de mal à pousser le kilométrage.
Cela vient du fait qu’il est calculé à l’aide des cinq paramètres cités. Pour ma part, je trouve que les deux les plus difficiles pour lesquels il faut s’habituer sont le drop et le faible amorti. Sur ce point les Zante avaient un très fort amorti. A mon sens les KN500 sont bien plus minimalistes alors qu’elles ont un indice plus bas.
Stabilité ? Là encore, pas facile. Le minimalisme induit une liberté du pied, ce qui peut conduire à certains problèmes. Le pied bouge et il faut s’y habituer. Toujours cette progressivité.
En revanche, la fermeté de la semelle évite l’effondrement au sol et l’adhérence est très bonne. Il en ressort une bonne stabilité globale. Plus les chaussures seront utilisées, plus le pied trouvera sa place ce qui permettra de l’améliorer.
Le maintien est globalement bon, grâce à la construction du mesh en slip on, effet chaussette. La liberté du pied, notamment au niveau du talon, demandera de la prudence et à nouveau de la patience.
Le terrain de jeu des Kiprun KN 500, c’est clairement la route. Au vu de l’amorti, il est aussi souhaitable de mixer avec des chemins non techniques, cela passera plutôt bien. En revanche, en étant proche du sol les sentiers caillouteux peuvent poser problème.
L’adhérence est bonne. Avec un mois d’août avec peu de pluie, je n’ai pas pu vraiment juger du comportement sur sol humide. Il va devoir attendre le retour de plus intenses précipitations.
Les modèles KIPRUN ont en général une très bonne durée de vie. La conception minimaliste des KN500 induira peut-être une diminution de celle-ci, en tout cas à l’issue du test rien ne me permet de le dire.
Bilan du test des chaussures Kiprun KN500
Pour une marque généraliste comme Décathlon qui s’adresse à un large public, parfois débutant, s’aventurer sur les terres du minimalisme était un gros pari. Il est réussi.
Les KIPRUN KN500 cochent les cases tout en restant abordables et proposent un bon modèle pour ceux qui souhaitent tendre vers une foulée naturelle, que ce soit pour une découverte ou non.
Au fur et à mesure du test, il faudra faire preuve de progressivité pour ceux qui débutent dans cette voie, on ne passe pas d’un modèle classique à celui-ci d’un claquement de doigt.
Pour les adeptes chevronnés du minimalisme, vous avez là un très bon produit à un prix de 70 euros défiant toute concurrence !
Récapitulatif technique du produit :
- Modèle : KIPRUN KN500
- Poids : 220g en taille 40
- Drop : 4 mm
- Prix : 70 €
- Foulée : neutre
- Terrain : Piste, bitume, sentiers
- Pour quel pratiquant : pour les coureurs qui souhaitent s’initier au minimalisme.
- Distance : courtes pour un débutant puis variable suivant la progression.
- Pointures : du 40 au 47
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès brutal dimanche 5 septembre 2021 de Xavier Rivoire directeur de la communication et des relations presse de Décathlon International.
Pour celles et ceux qui l’ont côtoyés, Xavier débordait de gentillesse et de professionnalisme.
Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille.